Ego toute
Pensées Nov 11, 2022
Le plus dur est de remarquer quand il prend la barre. Insidieusement, il se remet aux commandes. Il dicte, tance, s’emporte, se crispe tel un mauvais manager. On se sent alors emporté, sur la défensive, agressé, lésé. Notre parole s’enflamme et nos coeurs se chargent de ran-coeur (du ranci que l’on fait rentrer dans notre coeur). Rempli d’amertume, de colère, on souffle sur les braises de nos blessures, à pleins poumons pour s’en justifier.
L’ego nous a alors magistralement manipulé, nous servant juste la soupe que l’on voulait boire, nous donnant le sentiment de notre importance et la validation de notre souffrance : nous sommes victimes.
Quand ce circuit s’active, en sortir prend de l’effort et de la lucidité. Le courage de regarder en face notre cinéma. Notre gesticulation théâtrale qui n’a d’écho qu’en nous. Nous avons créé la dramaturgie nécessaire pour consolider notre personnage et ainsi s’assurer que rien ne change.
L’ego, s’il est un protecteur habile, ne doit pas devenir celui qui maintient le cap. Chaque jour, on doit lui rappeler qu’il ne peut pas prendre la barre sans chercher pour autant à l’écarter du cockpit.
S’il a sa raison d’être, il est loin d’avoir raison.
Crédit photo : Photo by Guillaume Flandre on Unsplash